dimanche 2 mars 2008

Comment parler de l'horreur?

Comment parler de Dachau, le premier camp de concentration Nazi (ouvert en 1933 à quelques kilomètres au nord-ouest de Munich), le camp modèle d'après lequel tous les autres ont été bâtis, celui où les SS allaient faire leur formation?



Arbeit macht frei ("le travail rend libre"), c'est la maxime d'un cynisme outrageant que l'on peut lire sur la porte grillagée, porte que plus de 200 000 prisonniers auront franchie avant la libération du camp, le 29 avril 1945: juifs, homosexuels, handicapés, russes, artistes non conformes à l'art nazi, opposants au régime...



Environ 40 000 personnes mourront torturées, exécutées sommairement, de faim, d'extrême épuisement, du typhus, mordues par des chiens, électrocutées sur les clôtures, par suicide, ..., avant d'être brûlées dans les fours crématoires. D'autres cadavres seront simplement laissés là, en tas ou dans les trains de marchandises qui les amenaient au camp.

Environ 40 000 personnes. Et ça, c'est le chiffre officiel, qui ne comprend pas les personnes envoyées par la Gestapo pour subir le traitement spécial. On ne saura jamais vraiment combien.

Le but du camp? Détruire l'humanité des prisonniers par la torture, les ordres absurdes et/ou contradictoires, le travail extrême, la privation de nourriture, enfin toutes les méthodes possibles et imaginables.



Le camp comportait 32 baraques dans laquelle s'entassaient les prisonniers: chacune avait été prévue pour 200 prisonniers - chacune en contiendra 2000. Impossible de s'échapper: il aurait fallu déjouer les gardes et leurs chiens, franchir une tranchée, passer la clôture électrifiée, et échapper aux spots des miradors et aux mitraillettes.

Comment faire passer cette idée de l'horreur à une époque où les gens mangent avec appétit en regardant les reportages sur la guerre au télé-journal?

La guerre: der Krieg

2 commentaires:

Unknown a dit...

j'ai bien peur que cette horreur ne soit pas le propre d'une époque... mais bien d'une espèce animale.

ce qui est en effet terrible, c'est comment peut-on en arriver à structurer, organiser et légaliser cette horreur... des années plus tard, ça en est renversant... d'autant plus qu'on se demande ce qui se machine actuellement, devant nos yeux et ailleurs.

Marie-Hélène a dit...

En effet, je ne crois pas que la violence soit le fait de notre époque: on a simplement plus de moyens pour la mettre en oeuvre... Je pense surtout que nous sommes désensibilisés face à l'horreur réelle. Mais aussi face à la beauté, à mon avis.
Je ne sais pas si je suis la seule à me sentir de cette manière, mais j'ai souvent une impression de faux qui se dégage des choses qui m'entourent: devant un beau paysage, j'ai une impression de décor, devant un reportage sur la guerre, j'ai l'impression d'un film. Je crois avoir vécu plus d'émotions au cinéma qu'en regardant les nouvelles! Ça me semble hautement anormal!

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